lundi 11 août 2014

Vacances estivales

Vacances estivales… Deux mots qui se résument à trois actions : lire, manger, boire.
Nothing else, Georges !

Hors de question pour moi de me lancer dans des projets fous ou sportifs, qui m’obligeraient à remuer le gras du bide que j’ai tant de mal à entretenir  !
Lorsque je lis des brochures vantant la descente en canyoning de telle rivière, la griserie que procure un vol en deltaplane, l’épanouissement ressentie lors d’une randonnée de 10 kilomètres de ski sur herbe, de descente en rappel, de spéléologie …etc… je suis au bord de la syncope et me sens étrangement épuisée sans avoir encore remué le petit doigt !
Que les choses soient claires : qu’il pleuve, vente ou neige, les vacances d’été, ce sont 10 bouquins, du vin blanc (à l’extrême rigueur, de la despé), de la charcutaille de pays et du chocolat !
C’est dit !

L’ennui, dans ce bonheur, c’est qu’il n’est pas partagé par tous. Mon cher et tendre, par exemple, souhaite parfois dégourdir ses orteils.
L’injustice, c’est qu’il exige que je dégourdisse les miens en même temps !

L’an dernier, lors de 15 jours de vacances, en Ariège, nous avons donc profité de 10 jours de froid polaire, 2 jours de pluie battante, puis soudainement, 2 jours à 41° degrés, sous un soleil de … qu’est-ce qu’il y a de plus lourd que le plomb ?... sous un soleil de Patrick Sébastien, ça peut se dire, ça ?... Bin, déjà, ça vous donne une idée de la lourdeur et de la touffeur de la journée !
Nous sommes donc le 14 aout, il fait moite, pas un souffle d’air, vautrée sur ma chaise longue, je lis …

Mari s’approche :
-« C’est notre avant dernier jour. Nous sommes dans les Pyrénées ! Demain, il doit faire le même temps, on se lève à l’aube et on va faire une randonnée en montagne ».
Bref moment comateux …Kesskidi ??
Durant un instant, je suis convaincue que j’ai mal entendu. Vous savez, ce moment où vous nagez entre deux états : celui où vous aimeriez, tout en sachant que ce n’est pas le cas, être en train de rêver ?
J’articule de façon à être parfaitement compréhensible :
« HEIN ?? ».
Parfois, pas besoin de beaucoup.
Il argumente :
« Ecoute ! (je suis tout ouïe …) On est dans les Pyrénées ! Il y a de superbes ballades à faire, on ne peut pas être venus jusque là sans découvrir les montagnes !! »
Ah mais il ne plaisantait pas, le bougre !
Je riposte :
« Tu rigoles, là, non  (non, il ne rigole pas) ? Il doit faire au moins 8000 degrés (oui, je suis marseillaise, oui …), on va enfin pouvoir tremper un orteil dans la piscine et tu me dis quoi ??
- Ta piscine, le temps qu’elle se réchauffe, tu ne rentreras même pas un ongle !
- Mais, de quoi, de quoi ?! Je m’en fiche, je m’en fiche ! (OK, je pédale un peu, parce qu’il est vrai qu’en dessous de 28°, c’est dans le domaine du patinage artistique, pour moi).
- Alors, t’arrêtes ta mauvaise volonté et tu te prépares psychologiquement. Demain, c’est rando ! 
- Non, mais Mari, sois sérieux DEUX secondes ! ON EST DES URBAINS ! On n’a jamais fait de randonnées de toute notre vie, la seule fois où on fait du sport, c’est quand on charge et décharge nos courses du coffre de la voiture ! Même chez nous, on ne bouge pas !! C’est connu, on est des gens du sud ! La plage, la piscine, le rosé, la sieste, ça te parle ??
ET LA, qu’on ne connait rien à cette région hostile et froide, tu vas nous emmener … EN RANDONNEE ?
- Aaaaaaah, ne commence pas ! Tu as passé 15 jours le Q dans ce fauteuil, moi, je veux bouger !
- Mais bouge ! …Mais seul ! …Sérieusement, le jour où on risque de fondre rien qu’en se mettant au soleil , tu veux qu’on crapahute dans la pampa ??
- Je suis sérieux, je te préviens.! »
Là, je sens bien que j’en suis arrivée aux limites de mon argumentation, il faut que je passe au stade supérieur.
En désespoir de cause, je crie :
« MAIS Y A DES OURS, DANS LES PYRENNES ! »
Il me regarde fixement, silencieusement. Puis :
« …Pathétique… »
Il tourne les talons :
« Je vais avertir les gnomes. Demain, lever à 7h ».

Allez, comprenez-moi bien. Non que j’ai la défaite hargneuse, mais quand on m’oblige à faire quelque chose que je ne veux pas faire, il faut s’attendre à ce que je ne sois pas extrêmement coopérative… Je peux même être exagérément désagréable !
Surtout quand on m’oblige :
1 – A me lever à l’aube, en vacances,
2 – A … MARCHER !

Le lendemain arrive et d’une humeur massacrante, les gnomes et moi embarquons pour l’aventure du siècle avec Nicolas Hulot.
J’envoie un SMS à ma mère :
« Nous partons pour une rando dans les Pyrénées, si tu n’as pas de nouvelles de nous ce soir, envoie un hélico ! ».
« - C’est loin ? questionne le gnome.
- A 5 minutes ! » répond leur père.

Une heure et demi après…, détendus et enjoués… nous arrivons enfin sur un parking, perdu au milieu de la cambrousse. Devant nous, à pic, le départ de la randonnée se fait dans un champ de paille, brulée en l’espace de 48 heures, qui s’escalade plutôt que ne se grimpe.

A peine sortis de l’habitacle climatisé de la voiture, la chaleur nous cloue au sol.
Enthousiaste, Mari se lance. Je sens que si nous passons à travers cette épreuve, plus rien ne pourra mettre en danger notre mariage …

Nous prenons d’assaut le chemin abrupt et interminable, en nage dès les premiers mètres, haletants et espérant vainement la moindre petite brise.
Transpirante de la tête aux pieds, je bous encore plus intérieurement :
« … Attends qu’on arrive sous les arbres … Je vais me le faire aux petits oignons ! … Donne-moi deux minutes pour récupérer … Juste sous les arbres … Putain, pourvu qu’il y ait des ours … ! »
Pas fou, Mari ne s’arrête pas sous les arbres. Pas tout de suite. Il me connait. Il marche. Les gnomes suivent. Je suis donc.

Et il faut reconnaitre que la ballade s’avère somptueuse. Habitués que nous sommes aux pins, à la mer, aux tons doux et pastels des collines rocailleuses et sèches de notre sud, c’est avec enchantement que nous découvrons la montagne escarpée, les arbres vert émeraude, le contraste entre les couleurs violentes et lumineuses …

Nous arrivons enfin au cirque de Cagateille. Le choc visuel nous couple le souffle. La rivière aux eaux glacées qui court entre des rochers blancs, des chevaux sauvages qui broutent un peu plus loin … Une carte postale de toute splendeur.
Nous pique-niquons avec bonheur et j’oublie ma rancœur maritale pour admirer sans réserve ce paysage magnifique.

Puis, nous reprenons le chemin inverse, dans une ambiance plus détendue.
Jusqu’à ce que nous soyons obligés de traverser une mini cascade… D’un coté et de l’autre, le flanc à pic de la montagne. Pour passer de l’autre côté, pas d’alternative, traverser cette chute d’eau glacée, dont les galets se révèlent glissants et extrêmement dangereux.
Pendant que, tremblante, j’aide les gnomes précautionneusement, la hargne me reprend :
« Je t’avertis, si il y en a un qui glisse et qui tombe en contre bas, jette-toi …Ne cherche même pas à rester en vie ! »
Parfois, les choses doivent être claires pour tout le monde.

Une fois passés de l’autre côté, avec soulagement, nous levons la tête : un pont en bois nous surplombe, qui nous aurait permis de passer de l’autre côté de l’eau, sans le moindre risque.
Quand ça veut pas …
A ce stade-là, le fatalisme m’étreint. Mari reprend sa route en sifflotant et nous le suivons, avec l’espoir ténu mais bien présent, de, finalement, croiser un ours. N’importe lequel, Winnie, Teddy Bear, Petit Ours Brun, Yogi, Koda, Plume, voire Bouba  et qu’à défaut de lui faire sa fête (quand même … c’est lui qui a les clés de la voiture), au moins qu’il le fasse courir !

Après tout, il veut faire du sport, non ?...


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2 commentaires:

  1. J'arrive de chez Dr. CaSo: Trop drôle ton récit! (Fabulous Fabs)

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    1. Coucou Fabulous Fabs :)
      Oui, je te connais effectivement au travers du blog de Dr CaSo ! D'ailleurs, elle était super contente de te retrouver !! :D
      Merci beaucoup, en tous cas, pour ce très gentil commentaire ! Et j'espère à bientôt :)

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